mèche

mèche

1. mèche [ mɛʃ ] n. f.
• 1393; lat. pop. °micca, du gr. muxa « mèche de lampe »
I
1Cordon, bande, tresse de fils de coton, de chanvre, imprégné(e) de combustible et qu'on fait brûler par son bout libre, pour obtenir une flamme de longue durée. La mèche d'une lampe à huile. Pincer, couper, moucher une mèche brûlée.
2Cordon fait d'une matière qui prend feu aisément. Mèche d'amadou. Mèche d'un bâton de dynamite. cordeau. Mèche fusante. Allumer la mèche.
3Loc. fig. (XVIe) Éventer, découvrir la mèche : découvrir les dessous d'une affaire (cf. Le pot aux roses). Vendre la mèche : trahir un secret; dévoiler un dessein qui devait être tenu caché.
IIPar anal.
1(1538) Chir. Petite bande de gaze, de toile qu'on introduit entre les lèvres d'une plaie ou dans un trajet fistuleux, pour permettre l'écoulement de la sérosité, du pus, et pour éviter une cicatrisation prématurée. Drainage d'une plaie par mèche ou par drain. Mèche hémostatique, pour empêcher l'hémorragie.
2Ficelle de fouet.
3Cour. Fine touffe de cheveux distincts dans l'ensemble de la chevelure par leur position, leur forme, leur couleur. Mèche rebelle ( épi) , folle. « une mèche sombre, à reflets dorés, et que la main relevait sans cesse avec impatience » (Martin du Gard). Mèches bouclées. boucle; accroche-cœur, guiche. Absolt Se faire faire des mèches chez le coiffeur, en faire éclaircir certaines. ⇒ balayage.
4Tige d'acier de forme variable servant à percer par rotation le bois, le métal. foret. Mèche de vilebrequin, de perceuse. Mar. Axe de gouvernail, de cabestan.
5Textile Ruban de filasse qui alimente les métiers à filer.
mèche 2. mèche [ mɛʃ ] n. inv.
• 1791; it. mezzo « moitié » et « moyen »
Fam.
1Être de mèche avec qqn : être d'accord en secret dans une affaire qui doit être tenue cachée. ⇒ complicité, connivence.
2(1808) Il n'y a pas mèche : il n'y a pas moyen, il est impossible. « il n'y aurait pas mèche de couper à cette corvée » (Aragon).

mèche nom féminin (latin populaire micca, altération du latin classique myxa, lumignon) Petit ensemble de cheveux qui se distingue du reste de la chevelure par sa forme ou par sa couleur : Avoir une mèche blonde sur le front. Cordon, tresse formant la partie centrale d'une bougie ou servant à conduire par capillarité un liquide combustible dans une lampe. Bout de ficelle attaché à l'extrémité d'un fouet, d'une cravache. Outil destiné en général au perçage de trous, dans le bois ou dans des matières diverses (pierre, brique, matière plastique). Gaine ou corde contenant de la poudre noire et destinée à transmettre une flamme avec un certain retard pour mettre le feu à une arme, à un explosif, à une fusée ou à une mine. Armement Bout de corde soufrée qui servait à enflammer la charge des arquebuses et mousquets. (Les armes à mèches disparurent après Louis XIV.) Chirurgie Bande de tissu ou de gaze mise en place dans une cavité. Forage Instrument de forage. Musique Touffe de crins de cheval tendue entre les deux extrémités de la baguette d'un archet et servant à frotter les cordes. Passementerie Ornement composé d'une nappe de fils enserrés par une ligature de type varié. ● mèche (difficultés) nom féminin (latin populaire micca, altération du latin classique myxa, lumignon) Orthographe Avec un accent grave. Mais mécher et méchage s'écrivent avec un accent aigu. ● mèche (expressions) nom féminin (latin populaire micca, altération du latin classique myxa, lumignon) Découvrir, éventer la mèche, découvrir un complot et l'empêcher de se réaliser. Vendre la mèche, livrer une combinaison destinée à rester secrète. Mèche à canon, corde en chanvre imprégnée d'acétate de plomb qui servait à la mise à feu des canons. Mèche de cabestan, axe sur lequel est fixée la cloche d'un cabestan. Mèche de gouvernail, axe du gouvernail d'un navire. Mèche soufrée, bande de toile ou d'amiante enrobée de soufre et servant au méchage. Mèche de sûreté ou mèche lente, artifice constitué par un cordon de pulvérin (poudre noire en grains fins) contenu dans une gaine de coton tressé goudronnée, pouvant être utilisé pour allumer le détonateur d'une charge d'explosif. Tir à la mèche, mise à feu de l'explosif avec une mèche de sûreté. Mèche de préparation, ruban formé par l'agglomération de matières textiles, ayant reçu parfois une faible torsion pour en assurer la bonne tenue, et qui sert à alimenter le métier à filer. ● mèche (homonymes) nom féminin (latin populaire micca, altération du latin classique myxa, lumignon) maiche nom masculinmèche (synonymes) nom féminin (latin populaire micca, altération du latin classique myxa, lumignon) Petit ensemble de cheveux qui se distingue du reste de...
Synonymes :
Pyrotechnie. Mèche de sÛreté ou mèche lente
Synonymes :
mèche nom féminin (de mècheou italien mezzo, moitié) Être de mèche avec quelqu'un, être de connivence avec lui. Familier. Y a pas mèche, il n'y a pas moyen, c'est impossible. ● mèche (expressions) nom féminin (de mècheou italien mezzo, moitié) Être de mèche avec quelqu'un, être de connivence avec lui. Familier. Y a pas mèche, il n'y a pas moyen, c'est impossible. ● mèche (homonymes) nom féminin (de mècheou italien mezzo, moitié) maiche nom masculinmèche (synonymes) nom féminin (de mècheou italien mezzo, moitié) Être de mèche avec quelqu'un
Synonymes :
Familier. Y a pas mèche
Synonymes :

mèche
n. f.
d1./d Cordon, assemblage de fils de coton, de chanvre, imprégné d'un combustible, que l'on enflamme à l'une de ses extrémités. Mèche d'une bougie, d'une chandelle.
d2./d Cordon combustible servant à mettre le feu à une charge explosive.
|| Fig. Vendre la mèche: dévoiler qqch qui devait être tenu secret.
d3./d CHIR Petite bande de gaze stérile utilisée pour réaliser une hémostase, le drainage d'un liquide, la cicatrisation d'une plaie.
d4./d Mèche de cheveux: petite touffe de cheveux distincte du reste de la chevelure. Mèche blanche.
d5./d Outil servant à percer le bois, la pierre, etc. Mèche d'un vilebrequin.
d6./d MAR Axe (du gouvernail).
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mèche
n. f. inv. Fam. être de mèche avec qqn, être de connivence avec lui.

I.
⇒MÈCHE1, subst. fém.
A. — 1. Cordon, assemblage de fils de coton ou de chanvre, entouré de suif ou de cire, ou imprégné de combustible, que l'on fait brûler par son extrémité libre pour obtenir une flamme de longue durée. Mèche d'une bougie, d'une lampe Pigeon, d'un réchaud, d'une veilleuse; baisser, régler la mèche. M. Bonneau reparut tenant en main une vieille lampe à mèche qui n'était pas inutile dans cette salle obscure (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p.138):
1. Quand je revins, il faisait noir et je dus à tâtons chercher les allumettes. La lampe ne donnait qu'une petite flamme jaune, et je voulus monter la mèche; mais elle fuma.
BOSCO, Mas Théot., 1945, p.95.
ŒNOLOGIE Mèche (soufrée, de soufre). Petite bande de toile imprégnée de soufre, que l'on fait brûler dans les tonneaux lors de l'opération du méchage (dér. s.v. mécher). Je puis vous enseigner un moyen de le rendre [le vin] clair comme de l'eau de roche. Servez-vous des mèches que vend à Tours, Petit, le tonnelier, sur la place d'Aumont; elles ne coûtent pas plus cher que les vôtres, et vous bonifierez votre vin (BALZAC, Œuvres div., t.2, 1830, p.246). Aussitôt qu'un tonneau vient d'être vidé, il faut, après l'avoir fait égoutter, y brûler une mèche soufrée (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p.545).
2. En partic.
a) Cordon fait d'une matière inflammable et qui communique le feu plus ou moins rapidement. Mèche fusante; mèche d'amadou; mèche d'une bombe. Tu battras le briquet, la poudre prendra feu, l'amadou s'allumera, il communiquera lentement le feu à la mèche (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p.544). La mèche de mine la plus usitée pour l'allumage des amorces d'explosifs et des cartouches de poudre noire est la mèche ou cordon Bickford (VENNIN, CHESNEAU, Poudres et explosifs, 1914, p.380):
2. Le tout c'est d'allumer la mèche. Ça n'a l'air de rien mais je vous souhaite pas d'en être chargés. La mèche, tout est là. Allumer la mèche, après tout le monde saute et moi avec: plus besoin d'alibi, le silence, la nuit.
SARTRE, Mains sales, 1948, 4e tabl., 6, p.170.
Mèche lente; mèche de mineur, de sûreté. Cordon de pulvérin, gainé de coton utilisé pour allumer le détonateur d'une charge d'explosif.
Mèche à étoupille. Synon. de étoupille. Le feu est communiqué [dans la fusée fusante en bois] au départ à la mèche à étoupille, préalablement mise à nu, par les gaz enflammés qui enveloppent le projectile par suite du vent (Capitaine ALVIN, Artill., Matér., 1908, p.232).
HIST. DE L'ARM.
Arme à mèche. ,,Arme balistique dont la mise à feu se fait par une mèche à feu continu`` (LELOIR 1961).
Mèche à canon (vx). Corde en chanvre imprégnée d'acétate de plomb, utilisée pour la mise à feu des canons. L'antique mèche à canon ou à briquet (VENNIN, CHESNEAU, Poudres et explosifs, 1914, p.380).
Dans un cont. métaph. Les Communistes, les Humanitaires, les philanthropes vous comprenez, tous ces gens-là sont notre avant-garde. Pendant que nous amassons de la poudre, ils tressent la mèche à laquelle l'étincelle d'une circonstance mettra le feu (BALZAC, Comédiens, 1846, p.361).
b) Loc. verb.
Éventer, découvrir la mèche. ,,Découvrir, au moyen d'une contre-mine, l'endroit où une mine a été pratiquée, et enlever la mèche qui devait mettre le feu`` (LITTRÉ).
Au fig. Dévoiler le secret d'un complot, d'une machination; découvrir les dessous d'une affaire. Il fallait tenir l'œil ouvert sur ce croisé naïf qui, par ses maladresses, pourrait bien éventer la mèche (GIDE, Caves, 1914, p.786).
Vendre la mèche (au fig. et fam.). Dénoncer un complot, dévoiler une combinaison. J'ai besoin de cent francs... si l'oncle ne me donne pas cent francs, je vends la mèche (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.135).
B. P. anal.
1. Spécialement
a) CHIR. Petite bande de gaze stérile utilisée pour le drainage d'une plaie, d'un abcès. «Une mèche, à tout hasard», marmonna Antoine, penché sur l'abcès. «Bon. Et la bande un peu serrée, il faut ça...» (MARTIN DU G., Thib., Consult., 1928, p.1054).
b) CH. DE FER. Mèche de graissage. Mèche servant à transmettre l'huile de graissage du réservoir à la partie frottante. [Dans les boîtes à huile] le graissage se fait au moyen d'une mèche qui trempe dans l'huile ou d'un tampon qui humecte la fusée (BRICKA, Cours ch. de fer, t.2, 1894, p.10).
2. Petite touffe de cheveux se distinguant de l'ensemble de la chevelure par sa position, sa forme ou sa couleur. Mèche argentée, blanche, blonde, brune, décolorée; mèche docile, rebelle; grande, petite mèche; rejeter une mèche. Il portait deux longues mèches frisées, qu'il tortillait et passait des heures à appuyer contre un mur: un procédé original pour remplacer les bigoudis! (GONCOURT, Journal, 1894, p.615). Je regardais aller et venir les doigts de Marguerite et aussi l'ombre que projetait, sur sa joue, une mèche folle qui boucle devant son oreille (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.154):
3. Dans la fièvre du jeu, les longs cheveux d'Albertine s'étaient à demi défaits et, en mèches bouclées, tombaient sur ses joues dont ils faisaient encore mieux ressortir, par leur brune sécheresse, la rose carnation.
PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p.920.
Casque à mèche.
3. P. ext. Touffe de filaments quelconques. Les diverses représentations de l'archet (sculptures, dessins, etc.) sont trop sommaires pour qu'on puisse préciser la matière dont était composé ce qu'on dénomme aujourd'hui la «mèche de crins» de l'archet (GRILLET, Ancêtres violon, t.2, 1901, p.394). Les filaments mycéliens, surtout ceux qui forment des mèches au-dessus du milieu, sont accolés (BRUMPT, Parasitol., 1910, p.841).
4. a) Mèche d'une corde. Brin de filasse situé dans la partie centrale de la corde. (Dict. XIXe et XXe s.).
b) Mèche d'un cordage. ,,Toron intérieur d'un cordage commis en quatre`` (LE CLÈRE 1960). Dans les cordages en quatre on interpose un petit toron central dit mèche qui empêche l'aplatissement et évite la déformation sous l'effet de la tension supportée (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p.26).
c) Mèche de filasse. État dans lequel est la filasse avant de passer dans les machines à filer. (Dict. XIXe et XXe s.).
5. Bout de ficelle effiloché et formant touffe à l'extrémité d'un fouet. La mèche du long fouet claquait dans l'air humide (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.131).
C. P. ext.
1. TECHNOL. Tige d'acier de forme et de dimension variables, servant à percer par rotation le bois, le métal ou divers autres matériaux. Synon. foret. Mèche d'une vrille, d'un tire-bouchon; mèche à cuillère, à mortaiser. Donghe, aux moeurs douteuses, allongé dans sa couche, une fine mèche de chignole entre les doigts, perforait des dés à jouer, qu'il voulait plomber (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p.364). Pour percer des trous dans les glaces, on utilise un vilebrequin à mèche d'acier trempé (DUVAL, Verre, 1966, p.73).
ART DENT. ,,Instrument fin, manuel ou rotatif, destiné à l'alésage des canaux de la dent`` (Dict. odonto-stomatologique, sup. n°23, janv. 1968 ds ROB. Suppl. 1970).
2. MAR. Axe du gouvernail ou du cabestan. Le gouvernail consiste en un plan mince, appelé safran, ordinairement placé à l'arrière [du navire], mobile autour d'un axe appelé mèche (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t.2, 1892, p.361).
Prononc. et Orth.: []. Ac. 1694, 1718: meche; dep. 1740: mèche. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1160 mece «assemblage de fils de chanvre, etc., entouré de suif, de cire pour faire des chandelles, ou imbibé d'huile, etc., pour brûler dans une lampe» (Enéas, éd. J.-J. Salverda De Grave, 6514); 2. a) XIIIe s. [date du ms] «matière préparée pour prendre feu aisément» (Chanson anonyme ds BARTSCH-HORNIN, 520, 7); b) ca 1393 mesches ensouffrées (Ménagier, éd. Sté Bibliophile fr., t.2, p.264); 3. loc. a) ca 1580 esvanter la mesche «découvrir, au moyen d'une contremine, l'endroit où une mine a été pratiquée et enlever la mèche qui devait la faire jouer» (TABOUROT, Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords avec les apophtegmes du sieur Gaulard et les Escraignes dijonnoises, éd. 1603, f° 12 v°), 1690 «découvrir, déceler un projet un complot» (FUR.); b) 1611 descouvrir la meiche (COTGR.).; c) 1859 vendre la mèche (PONSON DU TERR., Rocambole, t.2, p.39). B. p. anal. 1. 1266 mece «bande de toile servant à un traitement médical» (Vers de la mort, 118, 5 ds T.-L.); 1478 moyche «petite bande de toile ou de coton employée pour drainer les foyers purulents et les fistules» (Le Livre appelé Guidon de la practique en cyrurgie, f° 85 ds SIGURS, p.315); 2. ca 1300 mece «réunion d'une certaine quantité de cheveux» (Eine altfranzösische moralisierende Bearbeitung des Liber de Monstruosis Hominibus Orientis aus Thomas von Cantimpré, De naturis rerum, éd. A. Hilka, 710); 3. 1676 «spirale de fer ou d'acier de certains outils servant à percer (p. ex. du vilebrequin)» (FÉLIBIEN); 4. 1691 mar. «faisceau de fils peu entortillés qu'on place dans l'axe des cordes qui ont plus de trois torons» (OZANAM); 5. 1835 «ficelle de fouet» (Ac.). FEW t.6, 3, p.325 y voit le lat. pop. micca «mèche», altération gallo-romane, sous l'infl. du lat. class. muccus «morve, mucus nasal», du lat. class. myxa «lumignon» (du gr. «toute mucosité, champignon de la mèche d'une lampe»). GUIR. Lex. fr. Étymol. obsc. 1982 considère que le mot est issu du croisement de avec un dér. de mixa «mêlée», c'est-à-dire mixtia, déverbal d'un roman mixtiare (FEW t.6, 2, p.194) qui aurait abouti en a. fr. à mece, tandis que mixticare, doublet de mixtiare (FEW t.6, 2, p.194) aurait eu pour déverbal mèche.
DÉR. Mécheux, -euse, adj. [En parlant d'une laine brute] Qui forme des mèches. (Dict. XIXe et XXe s.). Les laines bayonnaises sont mécheuses (Encyclop. des gens du monde ds Lar. 19e). [], fém. [-ø:z]. 1re attest. 1845-46 (BESCH.); de mèche1, suff. -eux.
BBG. —LEBEL (P.). Notes étymol. Fr. mod. 1946, t.14, pp.118-120.
II.
⇒MÈCHE2, subst. inv.
A.Fam. Être de mèche (avec qqn). Être de connivence, être complice dans une affaire qui doit rester secrète. J'ai des heures où je crois volontiers ce que dit de moi mon adversaire; je me sens parfois de mèche avec mes ennemis (GREEN, Journal, 1939, p.44). Ils sont tous de mèche: l'Évêque, le Conseil, les riches (SARTRE, Diable et Bon Dieu, 1951, I, 1, p.38):
♦ Car s'il eût été le moins du monde de mèche avec Albertine, il ne m'eût jamais avoué qu'il l'avait laissée libre de onze heures du matin à six heures du soir.
PROUST, Prisonn., 1922, p.132.
B. Pop. Il n'y a pas (plus) mèche et, p. ell., pas mèche! Il n'y a pas moyen, c'est impossible. Toujours farceur comme à son ordinaire, papa Dufailli; il n'y a pas mèche à lui refuser: allons! vite, vite! entrez (VIDOCQ, Mém., t.2, 1828-29, p.96). Rien à faire de cette femme-là (...). Pas mèche (...). La voie est barrée (A. DAUDET, Rois en exil, 1879, p.184). Enfin des flopées entre ceux qui s'affrontent, alors, plus moyen... plus mèche (ARNOUX, Visite Mathus., 1961, p.111).
Rem. On dit aussi plus rarement il y a mèche. Il y a possibilité. Et quand y aurait-il mèche à toucher cette bonne galette-là? (VERLAINE, Corresp., t.3, 1895, p.119).
Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1. a) 1791 en mèche d'affut (il faut sans doute lire à mèche d'affur v. ESN. et CELLARD-REY 1980) «à partage égal dans le bénéfice des pages blanches et de la mise en pages (en parlant d'une société d'imprimeurs qui travaille en commun)» (BOULARD, Manuel de l'imprimeur, p.96); b) 1793 être de mèche «travailler ensemble, être complices» (d'apr. ESN.); 2. a) 1807 typogr. y a-t-il mèche? «y a-t-il du travail à profit partagé?»(ibid.); b) 1808 il n'y a pas mèche «il n'y a pas moyen, pas de possibilité» (ibid.). Origine discutée. SAINÉAN Arg. fait remonter le mot au prov. mech «demi». Esnault (Fr. mod. t.20, p.136) y voit l'it. mezzo «moyen». Ces deux hypothèses doivent être rejetées pour des raisons phonét. FEW t.6, 3, p.325a a proposé de rattacher le mot à mèche1, proprement «matière préparée pour prendre feu aisément», étant donné que l'arrangement conclu marque le début d'une activité. L'existence de l'occitan meuco (R. Ling. rom. t.18, p.106) semble corroborer cette hyp. Il est difficile de dire s'il a eu infl. de 1 sur 2 ou non.
STAT. Mèche1 et 2. Fréq. abs. littér.: 935. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 583, b) 1563; XXe s.: a) 1533, b) 1718.
BBG. —ESNAULT (G.). Qq. dates Fr. mod. 1952, t.20, pp.136-137. — GUIRAUD (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, t.17, p.3, 8, 9.

1. mèche [mɛʃ] n. f.
ÉTYM. XIVe; mece, v. 1130; d'un lat. pop. micca, du lat. class. myxa, mot grec, « mèche de lampe », par croisement avec mucus « morve »; ou, selon P. Guiraud, par croisement avec un dér. de mixa « mêlé » (mixticare ?), qui expliquerait être de mèche. → 2. Mèche.
———
I
1 (V. 1130). Bande, tresse, cordon de fils de coton, de chanvre, destiné à être mis en contact avec un combustible dont il s'imprègne, et qu'on fait brûler par son bout libre, pour obtenir une flamme de longue durée. || Mèche de bougie, de chandelle, de cierge, d'une lampe à huile, à alcool. || Bout de mèche d'une bougie, d'une lampe. Champignon, lumignon (cit. 1), moucheron. || Pincer, couper une mèche brûlée. Émécher, moucher; mouchette. || Régler la flamme (cit. 6) d'une lampe par la longueur de la mèche. || Remonter la mèche (→ Éteindre, cit. 35). || Mèche de réchaud à alcool, de briquet à essence.Mèche enduite de cire pour éclairer. Rat-de-cave.
0.1 Les mèches, après plusieurs essais, furent faites de fibres végétales, et, trempées dans la substance liquéfiée, elles formèrent de véritables bougies stéariques, moulées à la main, auxquelles il ne manqua que le blanchiment et le polissage. Elles n'offraient pas, sans doute, cet avantage que les mèches, imprégnées d'acide borique, ont de se vitrifier au fur et à mesure de leur combustion, et de se consumer entièrement (…).
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 261.
1 Salavin l'éteint (la lampe), la démonte; le verre est chaud, il s'y brûle les doigts. La mèche est irrégulière, il faut la couper. Où sont les ciseaux ?
G. Duhamel, Salavin, III, IX.
Mèche de chanvre soufrée que l'on fait brûler dans les tonneaux. Mécher; méchage.
2 (V. 1398). Par ext. Cordon fait d'une matière qui prend feu aisément, et destiné à enflammer. || Mèche d'amadou. || La mèche était l'amorce des anciennes armes à feu. || Fusil à mèche (→ Escorte, cit. 2). || Mèche fumante (cit. 2) des fusils, des escopettes (cit. 1). || Mèche d'étoupe des anciens canons. Étoupille. || Bombe à mèche…Mèche pour mettre le feu à un baril de poudre, un explosif. || Mèche d'une mine. Cordeau. || Mèche fusante, lente. Bickford. || Éventer une mine, une mèche.
2 Il me montra les deux fusées avec leurs bouts de mèche en papier que la flamme avait coupés, noircis (…) Se baissant avec précaution, il mit le feu à la mèche.
Alain-Fournier, le Grand Meaulnes, I, 1.
3 Loc. fig. (XVIe). Éventer (cit. 3), découvrir la mèche : découvrir le secret d'un complot, une machination, etc. || Ils avaient vite éventé la mèche et deviné le dessous des cartes (→ Frotter, cit. 33). — ☑ (1868). Par ext. Vendre la mèche : trahir le secret d'un complot, dévoiler un dessein qui devait être tenu caché.
3 Ah ! Michaud se mêle de nos petites affaires ! (…) C'est lui qu'est l'auteur de tout ce tapage-là; c'est lui qu'a découvert la mèche le jour où ma mère a coupé le sifflet à son chien.
Balzac, les Paysans, Pl., t. VIII, p. 302.
4 Je ne suis pas assez bête pour croire que vous me vendrez la mèche.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XI, p. 158.
———
II
1 (1538). Chir. Petite bande de gaze, de toile qu'on introduit entre les lèvres d'une plaie ou dans un trajet fistuleux, pour permettre l'écoulement de la sérosité, du pus, et pour éviter une cicatrisation prématurée. || Drainage d'une plaie par mèche ou par drain.Mèche hémostatique, pour empêcher l'hémorragie.
5 — « Une mèche, à tout hasard », marmonna Antoine, penché sur l'abcès. « Bon. Et la bande un peu serrée, il faut ça… » — « Allez, mes petits, sauvez-vous, je suis pressé… Je passerai rue de Verneuil, entre six et huit, pour changer la mèche. »
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 113-114.
tableau Lexique de la chirurgie.
2 Ficelle (de fouet). Petite corde serrée au bout d'un fouet de cocher.Mar. Toron qui occupe le milieu d'un cordage.
6 (…) pauvre diable, touche, touche tant que tu voudras… tu useras plus d'une mèche à ton fouet, avant que d'inspirer à ce maraud-là (le cheval)… quelque goût pour le travail (…)
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 724.
3 (Av. 1453). Cour. Petite touffe de cheveux plus ou moins distincts dans l'ensemble de la chevelure par leur position, leur forme, leur couleur. Cheveu (→ Enrouler, cit. 1). || Mèche tombante, rebelle aux coiffures (cit. 8), folle (→ Cou, cit. 6). || Mèches bouclées. Boucle, accroche-cœur. || Mèche grise, blanche dans une chevelure. || Épaisse mèche de cheveux arrachés (→ Grumelé, cit. 1). || Couper une mèche de cheveux. || Donner une mèche de cheveux en souvenir. Accroche-cœur, boucle, épi, guiche, rouflaquette.
7 Comme à cette parole, il montrait son sein nu,
Don Paez, sur son cœur, vit une mèche noire
Que gardait sous du verre un médaillon d'ivoire (…)
A. de Musset, Premières poésies, « Don Paez ».
8 Elle défit son peigne; tous ses cheveux blancs tombèrent. Elle s'en coupa, brutalement, à la racine, une longue mèche. — Gardez-les ! adieu !
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, VI.
9 (…) une mèche sombre, à reflets dorés, et que la main relevait sans cesse avec impatience, retombait toujours sur la tempe et ombrageait une partie du front.
Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 55.
4 (1676). Par ext. Techn. Tige d'acier de forme variable servant à percer par rotation le bois, le métal… Foret. || Mèche torse, à cuiller, à trois pointes… || Mèche d'une drille, d'une vrille, d'un tire-bouchon, d'un vilebrequin, d'une perceuse.
5 (1691). Mar. Axe de gouvernail, de cabestan.
6 Dentisterie. « Instrument fin, manuel ou rotatif, destiné à l'alésage des canaux de la dent » (Dictionnaire odontostomatologique, suppl. no 23, janv. 1968).
COMP. Casse-mèche; émécher.
DÉR. Mécher, mécheux.
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2. mèche [mɛʃ] n. invar.
ÉTYM. 1791; ital. mezzo « moitié » et « moyen », dans esser di mezzo con… « être de moitié avec » (qqn), d'où « être d'accord ». → 1. Mèche.
1 Fam. Être de mèche avec qqn : être d'accord en secret, généralement dans une affaire qui doit être tenue cachée (complot, intrigue, farce…). Complicité, connivence. || Il est de mèche avec moi. || Nous sommes de mèche, complices.
1 (…) si l'on tenait la preuve que, depuis le début, le parti militaire allemand est de mèche avec l'état-major autrichien !
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 22.
2 (…) la sincérité peut également être mise en doute; mais le jeu reste plus subtil et l'on invite le lecteur à y participer. Il est « de mèche » avec l'auteur.
Gide, Ainsi soit-il, p. 66.
2 (1808). Fam. Il n'y a pas (y'a pas) mèche (non c'è mezzo). Moyen. || J'ai essayé, mais y'a pas mèche. Impossible.
2.1 Alors, maman m'a remis le grappin dessus, mon vieux… plus mèche, fallait y passer (…)
A. Jarry, l'Amour en visite, Pl., p. 871.
3 Edmond se promit de ne se montrer avec lui qu'au minimum, quand il n'y aurait pas mèche de couper à cette corvée.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, II.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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